Fatigue au travail : Et si certains dirigeants devenaient des “hikikomoris modernes” ?
- 7 nov.
- 4 min de lecture
Entre isolement fonctionnel et solitude stratégique : un malaise discret, mais bien réel.
Dans ma pratique, j’accompagne régulièrement des dirigeants, cadres ou entrepreneurs brillants... mais fatigués.
Fatigués de devoir tout porter, tout gérer, tout cacher aussi parfois.
Ce que j’observe derrière les postures solides, ce sont souvent des silences lourds, des solitudes fonctionnelles, des élans retenus.
C’est en pensant à eux – et à cette part en nous qui s’isole pour tenir – que j’ai écrit ce billet.
Il ne s’agit pas de psychologie de comptoir, mais d’un phénomène bien réel.
Et si, à votre manière, vous étiez vous aussi devenu un “hikikomori professionnel” sans le savoir ?

🔎 Un constat inquiétant mais encore tabou
En France, 56 % des dirigeants de PME déclarent souffrir de solitude dans leur fonction (source : OpinionWay / Fondation MMA).
Chez les cadres supérieurs, 1 sur 3 avoue ne pas avoir d’espace pour parler de ses doutes ou de sa fatigue en dehors du cadre professionnel.
Ce n’est pas une question de compétences. Ni de fragilité.
Mais d’un modèle managérial qui valorise l’hyper-maîtrise, l’endurance, et l’effacement de soi.
Résultat : des hommes et des femmes sur-sollicités, exposés en permanence, mais rarement entendus.
🧠 Le paradoxe du leadership silencieux
On imagine souvent que la solitude du dirigeant est un choix.
En réalité, c’est souvent une conséquence de son rôle :
Il est celui vers qui tout le monde se tourne.
Il est celui à qui on demande d’apaiser, de trancher, d’avancer…
Et rarement celui à qui l’on demande, sincèrement : « Et vous, comment allez-vous ? »
Ce silence n’est pas anodin.
👉 Il crée un refoulement progressif des signaux d’alerte.
👉 Il alimente une forme d’isolement émotionnel.
👉 Et il favorise parfois un repli intérieur, discret, imperceptible pour les autres, mais déstabilisant de l’intérieur.
📌 Le syndrome du retrait sans rupture
C’est là que l’image du hikikomori devient éclairante.
Ce mot japonais désigne à l’origine ceux qui se coupent totalement du monde extérieur, parfois pendant des années.
Mais dans le monde professionnel, il existe une forme de retrait silencieux, bien plus fréquente, et socialement acceptée.
C’est un dirigeant présent en apparence,
mais émotionnellement absent.
Qui fait le job, prend les décisions, mais n’éprouve plus rien.
Un mode pilotage automatique, par fatigue, par nécessité, parfois par protection.
Ce repli n’est pas une fuite, c’est un mécanisme de survie.
📉 Les effets de la fatigue au travail sur le long terme
Même si cette posture permet de “tenir”, les impacts de la fatigue au travail sont bien réels :
Décision altérée par la surcharge mentale
Baisse de créativité et de vision stratégique
Isolement relationnel, même au sein de l’équipe dirigeante
Effritement de la motivation
Et parfois, des signes précurseurs d’un burn-out masqué (le fameux “brown-out” : perte de sens).
💬 Ce que disent ceux qui osent en parler
"Je me sens seul, mais je ne peux pas le dire à mes équipes, ni à mes associés. »
« J’ai la sensation d’être devenu un robot : je coche les cases, je gère, mais je ne ressens plus rien. »
« J’ai trop de responsabilités pour m’autoriser à faiblir. »
« Personne ne peut vraiment comprendre ce que je porte. »
Ce sont des phrases que j’entends souvent en séance.
Prononcées par des dirigeants brillants, lucides, investis.
Mais usés, émotionnellement désynchronisés de leur propre rythme intérieur.
🌱 Et si l’espace manquant n’était pas une solution… mais une pause ?
Le coaching professionnel ne prétend pas tout résoudre.
Mais il peut offrir un espace sécurisé, confidentiel, respectueux, où le dirigeant peut enfin redevenir un humain complet.
Sans jugement.
Sans injonction.
Juste une présence stable, un miroir neutre, pour reprendre pied.
Parler, ce n’est pas se plaindre.
C’est revenir à soi pour mieux avancer.
💡 Quelques signaux à observer (chez soi ou chez un pair) :
Fatigue chronique non expliquée par les seules charges de travail
Agacement inhabituel, perte de patience
Désintérêt progressif pour ce qui motivait avant
Difficulté à ressentir du plaisir ou de la fi
erté. L'impression d'être blasé
Sentiment d’être “utilitaire”, interchangeable, vidé
Présence sans implication dans le cercle personnel
ou au contraire,
Besoin de sécurité et implication excessive et inhabituelle
🤝 Pour aller plus loin
Si vous vous reconnaissez, ou si vous pensez à quelqu’un dans ce cas :
Sachez qu’il existe des accompagnements sobres, efficaces, profondément humains.
Pas pour vous changer.
Mais pour vous remettre au centre, retrouver de l’élan, et vous reconnecter à votre posture de leader avec clarté.
> Parce qu’on peut être fort…
Et avoir besoin, parfois, d’un espace à soi pour se recentrer.
Katia Zekri – Coach professionnelle certifiée ICF
Option Zen Coaching
L'accompagnement des leaders lucides, engagés, mais fatigués.





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